Bon allez, je me lance aussi. J'avais très bon espoir en entrant dans la salle. Des bande annonces prometteuses, une équipe ayant le potentiel de tirer parti des meilleurs atouts de chacun, un enjeu commercial conséquent pour Warner...
Globalement, j'ai trouvé ça mauvais. Puisque tout le monde discute du scénario, parlons-en : l'éclatement du récit est une idée qui est toujours sympathique, mais je l'ai trouvée particulièrement mal gérée ici. Pour rester dans le même genre, les scénettes de Batman Begins étaient bien mieux articulées parce qu'elles se faisaient écho les unes aux autres en prolongeant toujours une thématique. Là, c'est monté en dépit de tout bon sens. Ils ont voulu émuler Birthright en coupant de l'arrivée de la navette à sa vie adulte, mais un film ne fonctionne malheureusement pas comme une BD. Cette coupure m'a complètement sorti de l'histoire, et ce qui suit n'arrange rien. Voir Clark se demander qui il est et ce qu'il doit faire pendant 25 ans, je m'en contre-cogne. Le traitement est ras des pâquerettes de A à Z parce qu'il nous inflige des problématiques qui n'en sont tout simplement pas. Comment Superman doit-il trouver son chemin ? Qu'est-ce qui guide ses choix ? Et patati et patata... mais ce n'est pas important tout ça. C'est de la psychanalyse de comptoir sans aucun intérêt au-delà de l'anecdotique car ça a pour unique effet de rabaisser le personnage à un niveau de banalité commune. Or Superman n'a rien de banal. Au contraire, de sa création jusqu'à aujourd'hui, c'est l'être le plus exceptionnel qui ait jamais vécu sur Terre.
D'autant que pendant ce temps, les mecs martèlent des symboliques jusqu'à l’écœurement. Ils répètent cinq fois la même chose sans faire avancer le schmilblick. Le problème, c'est que leur entreprise est court-circuitée par un scénario qui n'a aucun impact émotionnel. La première rencontre Clark/Loïs ? Anonyme au détour d'un glacier canadien. La révélation de son existence aux humains ?
Forcée par Zod. La mort de Jonathan Kent ? Inutile et surtout présentée pour des raisons grotesques.
C'est un festival de tirs manqués assez hallucinant. Sans parler des décisions irrationnelles des personnages. Jor-El qui explique à Loïs comment contrecarrer le plan de Zod alors qu'ils ont des gardes aux fesses, tandis qu'il se contentera de répéter
encore une fois les mêmes maximes lourdes à son fils lorsqu'il le croise la minute d'après. Et pourquoi diable Superman détruit-il le vaisseau de Zod ?! Quel intérêt cela peut-il bien avoir de commettre un génocide à ce moment là de l'intrigue. Parce que tout le débat autour du fait que ça fasse mal à Sups de zigouiller Zod car il est le dernier représentant de sa race, moi je veux bien, mais pourquoi détruit-il le vaisseau contenant tous les éléments nécessaires à reproduire plein de petits bébés kryptoniens ? J'ai peut-être manqué un truc, mais si un supermec fait ça et qu'il se retrouve face à Zod ensuite, c'est par lui briser la nuque qu'il commence, pas par lui mettre des baffes pour finir comme une chialeuse parce qu'il est trop idiot pour comprendre quelles sont les conséquences de chacun de ses actes. On parle de l'allégorie de ce qu'il y a de meilleur en l'espèce humaine là. Pas du comic Empowered.
Et puis moi, c'est pas le fait qu'il tue qui m'inquiète. C'est le fait que la salle de ciné applaudisse ensuite.
Bon, si avec tout ça la fabrication était nickelle, je n'aurais pas boudé mon plaisir. Mais non. C'était horrible. Filmé par un branquignol qui utilise le langage cinématographique comme un zèbre utiliserait un accélérateur de particules, et à qui il faudrait sérieusement offrir un
trépied. La caméra portée, comme tout autre type de mise en scène, ça sert normalement à quelque chose. Et je ne parle pas de donner mal au crâne. Le montage donne l'impression d'avoir été torché en une semaine (fallait bien sortir l'film avant que la famille Siegel ne colle un nouveau procès
). La photo est à se pendre. Les acteurs ne sont pas dirigés et jouent par conséquent comme des huîtres (les grimaces de Cavill, je n'en pouvais juste plus...). La musique vrombissante ressemble à une brelle qui n'arrive pas à démarrer.
Et pour m'achever, les combats étaient... consternants. Les déplacements super rapides des kryptoniens sont déjà en retard et l'affrontement final dégueule la synthèse qui sera dépassée dans cinq ans. On dirait une cinématique de jeu vidéo (et pas une des meilleures). Matrix Revolutions n'est pas encore détrôné.
Bref, j'ai passé un très mauvais moment. C'est dommage, l'introduction kryptonienne était vraiment agréable (malgré cette shaky cam inepte).