Superboy a écrit:je n'avais jamais appréhendé le Joker sous cet angle, et ça me laisse un arrière-gout pas super agréable - surtout vu notre actu locale et l'écho que ça produit.
La référence la plus appuyée du film, Taxi Driver, a laissé une empreinte sur les esprits mais le film était davantage un constat sur une actualité et un monde à la dérive qu'un encouragement à cette dérive.
A mon sens il faut voir le film Joker comme tel.
Rom1 a écrit:La grève des éboueurs est évoquée mais après 18 semaines, on s'attendrait à des rues bloquées par des monceaux d'ordures - or on voit juste quelques sacs poubelles, y a des graffitis ici et là mais, bon ça va quoi.
Oui a a été reproché au film. Je trouve ça minime, même si ça n'aurait pas été du luxe de faire une Gotham plus 'crade'. Ça n'enlève rien au malaise du personnage principal qui est souvent exacerbé.
Rom1 a écrit:et donc le propos de Thomas Wayne est validé - les simples citoyens sont des clowns "qui ne sont rien"
Même si l'opposition des classes dans ce film est assez simpliste, je ne pense pas que le point de vue de Wayne soit validé. On voit clairement dans la scène du métro, entre autres, l'escalade de la violence qui est finalement la responsabilité de tout le monde.
Et puis tu as les 3 agresseurs du métro, clairement oppresseurs et pas opprimés.
Rom1 a écrit:Décider qu'il soit atteint d'un trouble neuro dès sa petite enfance, ça va à l'encontre du motto que Moore utilisait dans Killing Joke
Killing Joke évoque un passé spécifique tout en adressant l'idée de passés multiples inventés par le Joker. On ne peut pas vraiment faire faux bond à une telle œuvre qui ne définit pas de règle rigide.
Rom1 a écrit:Paradoxalement donc, ce film qui se voulait hors système, d'auteur, etc. est en réalité tout aussi formaté que les blockbusters envers lesquels il cherche à se mettre en opposition
Il est largement hors système quand on voit le processus de fabrication des films à licence aujourd'hui. Mais je comprends ton propos ; le bouzin reste un blockbuster Warner, clairement. Ce n'est pas un film coup de poing ni subversif.
Rom1 a écrit:Le dépeindre comme un riche méprisant le peuple (y a du Macron dans sa rhétorique) change totalement la mythologie de l'homme chauve-souris dont le réalisateur prétend s'éloigner : si Bruce Wayne devient un héros, c'est bien parce que Thomas est un homme bon - médecin, philanthrope... - et qu'il désire marcher dans les pas de ce père exemplaire.
Non il existe plusieurs versions qui ne dépeignent pas Thomas Wayne comme un modèle pour son fils. Voir même, plus récemment, la très bonne saga de Telltale montre une famille Wayne qui entretenait une complicité criminelle avec la famille Falcone.
Rom1 a écrit:le petit Bruce va juste devenir Benallaman : le Vigilante qui tabasse du populo'.
Non pas que j’espère une suite, mais, oui clairement, dans cet univers, c'est le dénouement logique et je trouve ça super intéressant. Je serais même presque curieux de voir un Patinson en jeune richard fachiste et arrogant qui décide d'employer sa fortune à devenir un barbouze suréquipé.
Rom1 a écrit:Il y a donc non seulement une réelle hypocrisie ("Hihi j'ai arnaqué Warner en prétendant faire un film sur le Joker mais je vais détourner ça pour servir mon propos" tout en utilisant le background de la source et en étudiant certaines œuvres capitales pour y puiser à pleines mains - mais mal) mais un emmêlage de pinceaux énorme qui brouille ledit propos au point de le rendre inintelligible - ou interprétable dans sa pire version...
J'ignore quelle était l'intention profond de Todd Phillips mais j'apprécie, perso, que malgré son ton adulte et les immenses libertés prises avec le lore, le film nous fasse le cadeau de rester en lien avec l'histoire de Batman.
Je trouve justement que la bonne surprise avec Joker, c'est que ce n'est pas seulement un bon thriller psychologique sur un gars lambda délaissé par la société; c'est une vraie interprétation du Joker, le seul et l'unique.
Quand Phoenix lâche les chiens, il habite le personnage tel que je le conçois.
C'est un très bon film, un très bon Batman.