J'ai pris ce fanzine pour son côté historique, puisqu'il fait partie des toutes premières créations françaises à utiliser des super-héros du domaine public. On a donc Amazing-Man par Jean-Michel Ferragatti et Fred Grivaud, un prototype de Centaur Chronicles dont les dessins et les couleurs n'ont pas grand-chose à voir avec la version finale, ce qui en fait une jolie curiosité. Par contre, Taranis, tout en traditionnel, couleurs incluses, n'a droit qu'à trois pages au goût de trop peu, insuffisantes pour voir ce que pourrait donner le graphisme atypique d'Eric Simon en pleine action. Enfin, côté traductions, on a droit aux origines de Daredevil (renommé Daring-Devil) dans leur deuxième version. Une aventure totalement naïve et empreinte du racisme ordinaire de l'époque, rééditée en grand format et restaurée dans Yamraj Universe 1. Mighty Man, avec les origines de Super Ann, n'est pas une découverte non plus, avec son héros aux pouvoirs atypiques qui en font un lointain cousin de Plastic Man (un épisode réédité en grand format et restauré dans Centaur Chronicles). Jet Powers, par contre, est une vraie découverte, un cousin de Flash Gordon affrontant une incarnation verte du Péril Jaune. Plutôt bien. Après, le gros bémol de cette revue, c'est son format A5, qui fait que certaines pages sont hyper compressées avec des textes tout petits. Pour complétistes, donc.
Alors là, dans l'esprit, c'est ce que Centaurus aurait pu devenir, à savoir des rééditions et des inédits, mais avec de meilleurs moyens et un format A4... et plus de créations originales, aussi. Le projet entretient un cousinage bienvenu avec Centaur Chronicles, puisque les épisodes du Golden Age sont vite mis en relation avec les épisodes modernes dans la construction d'un univers. Power Nelson est ainsi vite propulsé dans Captain Lazer, et Onuris (Masterman dans sa version originale, et la version traduite remplace le blanc du papier par du papyrus !) est vite amené dans le présent lui aussi. De manière générale, ces histoires-là font bien le lien entre les deux époques, même si certains pourraient déplorer une certaine violence. On pourra aussi déplorer un certain manque de subtilité concernant les histoires utilisant les Formidables, mais c'est sûrement voulu. On pourra aussi trouver un peu saugrenus les héros suisses de Psyborg. Mais pourtant, l'ensemble des histoires se tient, la palme revenant à Sideral de Chris Malgrain, le plus expérimenté du lot. C'est agréable à lire de bout en bout.