L'intérêt est de connaître votre expérience et vos goûts en matière de comics à travers le prisme symbolique des décennies. Elle en jette cette phrase, hein !
Pour ma part, je ne possède à proprement parler pas une expérience de lecture de comics suffisante pour bien disserter sur son évolution, notamment pour les années 40, 50, et 90 qui me sont assez étrangères. Néanmoins je me suis déjà fait une idée sur les périodes que je désire approfondir.
Donc commençons par les années 30 : je reconnais ne pas avoir lu grand-chose de cette période mais les quelques lectures me donnent envie d’en découvrir davantage. Car même si les cases sont petites et n’accordent pas souvent de la place à la profondeur de champs, le graphisme en lui-même me plaît et les histoires sont très dynamiques et prenantes.
Concernant les années 60, je n’en connais que la vitrine Marvel qui alors offrait de nouvelles perspectives aux comics. J’en retiens surtout les aventures de Spider-Man, représentant de belle manière cette période : légèreté, humour, couleurs, rondeurs des formes. Beaucoup de bonnes choses somme toute. Et que l’aspect vie privée du super-héros gagne du terrain ajoute un grand point supplémentaire.
Les années 70 par contre font surgir les héros et leur face sombre, j’ai l’impression. Pas spécialement ce que je préfère le plus. J’ai malheureusement pas lu les aventures de O’Neill qui sont parait-il dignes d’intérêt. J’ai en revanche suivi les aventures des nouveaux X-Men. On y voit des expérimentations visuelles plaisantes mais le côté sérieux et no-life du groupe me laisse de marbre.
Ce que j’apprécie dans les 80’s c’est la transcendance du genre, par exemple via les méga crossovers (Les guerres secrètes chez Marvel, Les crises des terres multiples chez DC) qui poussent les possibilités des protagonistes en terme de pouvoir jusqu’à l’extrême, pour y voir les répercussions extraordinaires qui en résultent. Sans oublier bien entendu l’œuvre majeure qu’est Watchmen qui refaçonne l’image du super-héros.
En parallèle, il y aussi le style graphique général qui m’enchante, a fortiori le milieu de la décennie. Et Frank Miller tente des choses dans ses découpages, Bill Sienkiewicz ose toutes les excentricités dans Elektra. On sent que le genre souhaite prendre ses aises et voir plus loin.
Et pourtant ce que j’ai entraperçu dans les comics des années 90 me refroidit : ultraviolence, corps hypertrophiés (à outrance parfois), culte de la femme sexy, grosses cases aux effets too much pour en mettre plein la vue. J’ai le sentiment que ce sont les défauts embryonnaires de la fin des années 80 qui ont pris le pas dans tout ça…
Des années 2000, je ne connais pratiquement que les comics extérieurs aux deux grandes éditions. Cette décennie en cours offre un enrichissant amalgame des genres : super-héros pouvant rimer désormais avec quotidien dans un commissariat ou vie de people. Alan Moore qui s’était permis le luxe de parvenir à mettre en abîme le genre super-héros avec Suprême, continue d’en explorer les facettes. Ainsi, le piment actuel est que le lecteur, fort d’avoir assimilé les codes scénaristiques du genre, voit les auteurs en profiter pour jouer avec eux.
En définitif, cette rétrospection ne me fait pas ressortir quelle décennie je préfère mais me pousse à poursuivre mon petit bonhomme de chemin dans le monde des comics, lequel se verra peut-être orienté par vos propos.
