Pottio © a écrit:C'est quoi le pitch ?
C'est Alan Moore qui redéfinit un genre pour les trente années qui suivirent.
Mais trivialement, ça parle d'un journaliste nommé Micheal Moran qui ne peut pas se défaire de rêves dans lesquels il s'imagine une vie de surhomme pleine d'aventure. Un jour, il est pris dans une explosion déclenchée par une attaque terroriste sur une centrale nucléaire. Peu après son réveil, il se souvient d'un mot qui était seulement flou dans ses rêves : Kimota. En le prononçant, il se transforme en Miracle Man, un surhomme quasi-invincible. Il découvrira ensuite pas mal de choses, dont la nature de ses rêves, la survie de Kid Miracle Man, les manipulations du gouvernement, etc.
Moore reprend beaucoup de lieux communs du genre (le mot magique qui transforme comme avec Captain Marvel, le principe de continuité entre les différents âges des comic books, le complexe du sidekick vivant dans l'ombre de son mentor, la peur de l'impotence sexuelle face au surhomme, etc.) et les développe de façon rationnelle jusqu'à ce qu'ils atteignent leur point de rupture et ne puissent plus fonctionner comme mécanismes d'une narration merveilleuse comme c'était le cas pendant l'âge d'or des comics. Il développe longuement et brillamment la problématique toute simple de "que se passerait-il si un super héros surgissait dans notre monde du jour au lendemain ?" => exactement le sujet sur lequel tout le monde se prend l'choux de nos jours alors que Moore y a répondu entre 1982 et 1985 dans cette série, avant même qu'il ne repousse encore les limites (narratives cette fois) avec Watchmen. Bref, le résultat n'est pas très joli pour l'humanité.
Ce qui singularise vraiment cette série cela dit, c'est justement sa nature transitoire, d'un âge à l'autre, d'une manière d'entreprendre le concept à l'autre. Moore joue au niveau théorique du médium mais il se situe toujours dans une logique de divertissement abordable au premier degré, contrairement à Prométhéa, à côté duquel le lecteur passe totalement sans un certain bagage culturel, et ça en devient carrément froid par moments ; j'adore Prométhéa hein, mais Miracle Man fonctionne à la fois sur le plan déconstructif et sur le plan blockbuster de super-héros qui en envoie plein la gueule.
Et sérieux, une fois qu'on finit cette lecture, il apparait totalement évident que quasiment tout ce qui a suivi en découle. Donc bon, le pitch voilà, il est là et il est efficace. Mais le vieil Alan te réserve d'autres surprises qu'une simple histoire.