Lors de mes recherches internet je suis tombé sur un article passionnant daté de 2002, vous trouverez ci-joint le lien en anglais :
Article source :
http://www.moviepoopshoot.com/score/7a.htmlCeux qui aiment maintenant la musique de Batman, et des séries dérivées, dont je fais partie, ont apparemment quelqu’un à remercier, nul autre que Steven Spielberg. Producteur des « Tiny Toons », il n’a pas oublié les cartoons des années 50, qui avaient alors un compositeur émérite : Carl Stalling, qui créait pour les films d’animation des musiques originales. Soucieux de retrouver cette qualité, il embauche à un poste de superviseur musical le compositeur Bruce Broughton.
Quand Bruce Timm crée son « Batman » animé, le studio lui suggère la même approche, même si le ton de la musique sera bien évidemment très différent. A l’origine, Timm n’essaie même pas de demander à Danny Elfman, convaincu qu’il ne serait pas intéressé ni même abordable financièrement. A l’époque, Shirley Walker, qui a dirigé pour Elfman l’orchestre de « Batman », travaille sur la série « Flash », dont la musique est elle aussi très proche de celle du film de Burton.
Initialement, Walker n’est pas intéressée non plus par ce qu’elle considère comme un pas en arrière dans sa carrière. Mais la rencontre avec les créateurs de la série, et la vision des dessins de production, parviendront à la faire changer d’avis.
Au début il s’agit de 25 épisodes, et déjà la tâche paraît énorme, car il s’agit de musiques originales à chaque fois, même si, contrairement aux dessins animés humoristiques genre « Tiny Toons », la musique n’est pas présente en permanence. Elle commencera par écrire les dix premiers épisodes (qui en fonction de l’ordre de diffusion se retrouveront dispersés au cours de la saison), avant d’embaucher d’autres compositeurs.
Le budget autorise l’emploi d’un orchestre complet de 29 musiciens pour chaque épisode.
Arrive le moment de décider d’un thème principal pour la série. Shirley Walker compose donc un thème, basé sur ce qu’elle a déjà écrit pour la série à ce stade. Mais il se trouve qu’à la dernière minute, Danny Elfman se déclare intéressé pour composer le thème principal. Même si l’animation a déjà été calibrée en fonction du premier thème, il est clair que ce serait un atout de voir Danny Elfman composer cette musique. Il s’en chargera donc en compagnie de son orchestrateur habituel Steve Bartek, aidé du compositeur Mark McKenzie.
Quand la série sera retitrée « The Adventure of Batman and Robin » en 1994, les producteurs reviendront tout naturellement vers le thème original de Shirley Walker pour le changement de générique.
Pendant ce temps, Shirley Walker recrutait des compositeurs pour l’assister. Elle choisit délibérément des gens n’ayant pas encore « percé », en s’attirant au passage les foudres de quelques compositeurs déjà établis, qui recevront malgré leurs c.v. une lettre de refus. Ironiquement, Shirley Walker avait reçu elle-même une telle lettre un peu auparavant, d’un certain Bruce Broughton, quand elle avait postulé pour « Tiny Toons » !
A chaque nouveau compositeur, elle demandait d’orchestrer un des épisodes qu’elle-même écrivait. Seconde étape, elle leur confiait une scène dans un de ses épisodes, puis elle partageait un épisode en deux, qu’elle confiait à deux compositeurs, pour enfin leur confier la responsabilité complète d’un épisode. Cette immersion progressive lui permettait d’évaluer si le nouveau compositeur était sur la même longueur d’onde qu’elle, et s’ils pouvaient travailler efficacement ensemble, en gardant une cohérence de ton.
De façon naturelle, au fil du temps, cette liste de compositeurs suppléant se réduisit à trois noms : Michael McCuiston, Lolita Ritmanis, et Kristopher Carter.
Lolita Ritmanis s’était vue recommandée à Shirley Walker par plusieurs personnes avec qui elle avait travaillé. Parmi les compositeurs célèbres pour qui elle avait fait des orchestrations on compte Michael Kamen et Basil Poledouris.
Michael McCuiston connaissait le mari de Shirley Walker depuis plusieurs années. Il s’occupait à l’époque plus de l’aspect « technique » de la musique, et composait en dehors, mais n’en avait jamais parlé, jusqu’au jour où il le mentionna dans une conversation. Le mari de Shirley Walker lui recommanda de lui confier une cassette de démonstration pour sa femme. Et c’est ainsi que plusieurs mois plus tard, elle l’appela pour travailler avec elle sur la série.
Kristopher Carter était lui une connaissance du fils de Shirley Walker. Elle lui proposa, une fois son diplôme obtenu, de le prendre sous son aile. Il occupera plusieurs postes selon son propre aveu, standardiste, secrétaire, chauffeur, préparateur de café, informaticien, responsable du synthétiseur, orchestrateur et compositeur en apprentissage. Il rejoindra l’équipe à la troisième saison de « Batman ».
La composition commençait de la façon suivante : une fois le montage préliminaire de l’épisode achevé, Shirley Walker et son équipe se réunissaient avec Bruce Timm et Paul Dini pour discuter de la musique. C’était généralement Bruce Timm qui menait les débats, étant plus pointu sur le côté musical que Dini.
Après le « Joyeux Noël Batman » qui sera divisé entre Lolita Ritmanis et Michael McCuiston, le premier épisode en solo de Ritmanis sera « Il n’est jamais trop tard ». Celui de McCuiston sera « Fugue en solo Joker ». Kristopher Carter collaborera tout d’abord à l’épisode « Double Tour » avec Brian Langsbard, avant d’être lâché en solo sur « A pas de velours ».
Vers la moitié de la seconde saison Shirley Walker compose également la musique du film « Batman contre le Fantôme Masqué », avec cette fois un vrai budget de musique de cinéma. Il comprend des orchestrations de Ritmanis et McCuiston, ainsi qu’une participation aux synthétiseurs d’un certain… Hans Zimmer (« Gladiator », « Pirates des Caraïbes » 2 et 3).
Le pic quantitatif de leur collaboration aura lieu durant la saison deux de Superman, quand Warner Bros décidera de programmer « The Batman/Superman Adventures », mélange de rediffusions et d’épisodes inédits.
McCuiston sera le seul compositeur crédité sur « Batman : Subzero ». Mais en 1998 il semble bien que l’équipe de compositeurs doive se retrouver bientôt au chômage…
Bruce Timm développe à cette époque « Batman Beyond », et souhaite une approche totalement différente au niveau de la musique, approche dont il est convaincu que le groupe actuel de compositeurs ne peut pas s’occuper. Il cite en effet des groupes comme « White Zombie », qui représenteraient le genre de son qu’il voudrait. Shirley Walker lui demande de la laisser essayer, et avec son groupe, constitue une bande démo, comprenant même certains thèmes non composés par eux. La sélection séduira Timm, à tel point qu’un des morceaux de Kristopher Carter deviendra le thème principal.
La musique de « Batman Beyond » combine donc l’approche « sombre » propre à Batman, de la musique électronique, avec des riffs de guitare, un mélange dans lequel Carter se sent particulièrement à l’aise. Après avoir travaillé avec un orchestre, les compositeurs s’immergent donc dans le monde de la musique électronique, en studio.
A la même époque, « Le Projet Zeta » combine les deux approches, à la fois de la musique électronique et orchestrale. Ce sera la dernière musique supervisée par Shirley Walker, qui laissera ses poulains s’occuper seul de la « Ligue des Justiciers ».
Tout le monde est conscient qu’il faut alors revenir à une musique orchestrale. Problème, le budget ne le permet pas. Mais les compositeurs assurent à Bruce Timm que les logiciels sonores ont fait d’énormes progrès ces dernières années, et qu’il est tout à fait possible d’obtenir un son riche sans orchestre. A chacun d’en juger.
Le thème principal sera nominé pour un Emmy Award. Celui-ci est à base de synthétiseur, mais il fut tout de même amélioré par l’intervention d’un orchestre. En fait Timm aimait tellement le premier thème, entièrement synthétique, qu’il demandera à ce qu’il ressorte un peu plus par rapport à l’orchestre dans la version finale.
L’article a été écrit en 2002, la Justice League triomphait alors sur les écrans, et n’avait pas encore connu son incarnation Unlimited.
Les héros ne meurent jamais, ils sont juste remplacés par des acteurs plus jeunes.