#53-54 "Retour à la maison" (2 parties)
Posté: Mer 07 Nov 2018, 20:19
Épisode double, "Retour à la maison" suit Changelin depuis ses débuts à la Patrouille Z ou Doom Patrol jusqu'à son présent, au sein des Jeunes Titans. L'épisode est très intéressant car il offre un motif en vérité souvent utilisé, celui du choix, le choix de sauver ses amis ou une mission. C'est une récurrence dans les dessins animés et au cinéma, mais il est pareillement traité, d'un format à l'autre. Or, il est temps d'apporter un peu de contenu historique à cette approche surannée.
(De toute évidence, il est préférable d'avoir visionné l'épisode avant de lire le reste de cet éditorial.)
Rappelons que le dilemme de Changelin consiste ici à terminer sa mission, dont l'enjeu est capital, car la Confrérie du Mal menace l'humanité d'une puissante ogive, au péril de la vie de ses amis. Bien entendu, il préférera sauver ses pairs que de contrecarrer instamment les plans de la Confrérie. Bien entendu, il parviendra aux deux à la fois. Bien entendu, il sauvera tout le monde et l'intrigue semble acquiescer le choix de Changelin.
Néanmoins, il s'agit d'un réel dilemme, et je me placerai ici aux côtés de la Doom Patrol et de son chef, Mento, qui somme Changelin de laisser ses amis pour exécuter sa mission. En fait, c'est un choix éminemment philosophique, voire politique. C'est le choix de l'intérêt général. Les Romains l'avaient d'ailleurs bien compris. Ce qui prime dans une opération qui mettra nécessairement la vie de quelqu'un en danger, c'est de sauver le maximum d'individus. Ici, le duel est net : Changelin peut sauver les Jeunes Titans, alors au nombre de quatre, ou l'humanité (disons une grande partie d'elle). Bien entendu, la réalité permettra difficilement de sauver les deux à la fois. Le choix de sacrifier ses amis pour une cause largement plus considérable est plus qu'honorable. Par ailleurs, c'est ainsi que l'on comprend le geste de Brutus, orienté contre César, son père adoptif : il choisit, non pas de le trahir, mais de l'occire car c'est ce dernier qui trahit l'honneur de Rome en usant des pleins pouvoirs à des fins despotiques et viles. Brutus privilégie l'intérêt de Rome à celui de sa famille, l'intérêt général contre l'intérêt personnel. Changelin privilégie l'intérêt personnel ou familial (ses amis) aux dépens de l'intérêt général (l'humanité). Mento le dit excellemment dans une de ses répliques : "Tu préfères sauver la vie de quelques personnes plutôt que l'humanité tout entière ?". C'est en ce sens que l'épisode véhicule une idéologie parfaitement typique de notre époque : l'individualisme, où il est préférable d'épargner ses proches qu'une masse de gens, certes inconnus mais plus nombreux. Brutus incarne le modèle littéral du héros, celui capable d'un tel sacrifice. Certes, Changelin sauve son équipe et la planète, mais le scénario l'a sans doute aidé. Le vrai héros est celui qui est capable de se sacrifier ou de sacrifier ses pairs et sa famille, de manière à sauver une cause plus grande encore. Nous avons eu un exemple assez récent, en France, d'une telle action. Aujourd'hui, comme l'idéologie mondiale nous incite à nous soucier de nous-mêmes, il n'est de héros que celui qui sauvegarde son être. Je le répète, le motif est assez fréquent, autant qu'il est consternant à chaque fois.
Il est donc regrettable qu'une série de ce calibre tombe dans un tel lieu commun. En toute honnêteté, je pense que jamais La Ligue des Justiciers ne s'y serait engouffrée.
(De toute évidence, il est préférable d'avoir visionné l'épisode avant de lire le reste de cet éditorial.)
Rappelons que le dilemme de Changelin consiste ici à terminer sa mission, dont l'enjeu est capital, car la Confrérie du Mal menace l'humanité d'une puissante ogive, au péril de la vie de ses amis. Bien entendu, il préférera sauver ses pairs que de contrecarrer instamment les plans de la Confrérie. Bien entendu, il parviendra aux deux à la fois. Bien entendu, il sauvera tout le monde et l'intrigue semble acquiescer le choix de Changelin.
Néanmoins, il s'agit d'un réel dilemme, et je me placerai ici aux côtés de la Doom Patrol et de son chef, Mento, qui somme Changelin de laisser ses amis pour exécuter sa mission. En fait, c'est un choix éminemment philosophique, voire politique. C'est le choix de l'intérêt général. Les Romains l'avaient d'ailleurs bien compris. Ce qui prime dans une opération qui mettra nécessairement la vie de quelqu'un en danger, c'est de sauver le maximum d'individus. Ici, le duel est net : Changelin peut sauver les Jeunes Titans, alors au nombre de quatre, ou l'humanité (disons une grande partie d'elle). Bien entendu, la réalité permettra difficilement de sauver les deux à la fois. Le choix de sacrifier ses amis pour une cause largement plus considérable est plus qu'honorable. Par ailleurs, c'est ainsi que l'on comprend le geste de Brutus, orienté contre César, son père adoptif : il choisit, non pas de le trahir, mais de l'occire car c'est ce dernier qui trahit l'honneur de Rome en usant des pleins pouvoirs à des fins despotiques et viles. Brutus privilégie l'intérêt de Rome à celui de sa famille, l'intérêt général contre l'intérêt personnel. Changelin privilégie l'intérêt personnel ou familial (ses amis) aux dépens de l'intérêt général (l'humanité). Mento le dit excellemment dans une de ses répliques : "Tu préfères sauver la vie de quelques personnes plutôt que l'humanité tout entière ?". C'est en ce sens que l'épisode véhicule une idéologie parfaitement typique de notre époque : l'individualisme, où il est préférable d'épargner ses proches qu'une masse de gens, certes inconnus mais plus nombreux. Brutus incarne le modèle littéral du héros, celui capable d'un tel sacrifice. Certes, Changelin sauve son équipe et la planète, mais le scénario l'a sans doute aidé. Le vrai héros est celui qui est capable de se sacrifier ou de sacrifier ses pairs et sa famille, de manière à sauver une cause plus grande encore. Nous avons eu un exemple assez récent, en France, d'une telle action. Aujourd'hui, comme l'idéologie mondiale nous incite à nous soucier de nous-mêmes, il n'est de héros que celui qui sauvegarde son être. Je le répète, le motif est assez fréquent, autant qu'il est consternant à chaque fois.
Il est donc regrettable qu'une série de ce calibre tombe dans un tel lieu commun. En toute honnêteté, je pense que jamais La Ligue des Justiciers ne s'y serait engouffrée.