de Darkcook » Jeu 22 Avr 2010, 16:36
The Dark Knight Returns
Pioché en premier dans ma pile d'achats (je voulais garder Red Son pour la fin), ça partait mal, avec une préface de Miller indigeste. Purement et simplement, il expliquait vouloir compenser des décennies de censure artistique par une surpolitisation de ses oeuvres. C'est assez puéril, et surtout pénible. Il vaut mieux pondre un seul brûlot magistral que miser sur le nombre et la surenchère, sans jamais s'arrêter. Ce qui transparaissait de l'individu, avec cette sorte de rancune obsessionnelle sans fin, me déplaisait, et je craignais vraiment pour ce que j'allais lire. En tournant les pages, je réalisai que j'avais sans doute là le brûlot magistral, le seul et unique, et je le savourai alors pleinement.
Carrie Kelly (et non pas Stephanie Brown, comme je l'appelais à tort en voyant sa photo, ainsi que dans TNBA) et la façon dont elle devient Robin m'ont beaucoup plu, elle choisit vraiment sa vocation et n'est pas piochée et façonnée par son tuteur... Les autres personnages sont plus anecdotiques, Harvey étant totalement prévisible, décevant et sans charisme, et le Joker pas très différent ni surprenant... Batman est malheureusement pris au piège verbeux des médias, qui sont d'ailleurs la plus grande réussite de Miller, détaillant à merveille leur stupidité et superficialité grandissantes, représentation encore plus criante de vérité plus de 20 ans après.
Le futur chaotique n'est en somme que le terrain de jeu de la bataille de Batman contre le crime ET contre les médias et la police, ces derniers le diabolisant en l'associant progressivement à la criminalité (avec les interventions obséquieuses de pseudo-intellectuels et la sempiternelle question, Batman engendre t-il les supervilains, etc...) Superman est immonde (c'est raté pour l'hommage, Miller a mis en évidence tous ses défauts potentiels et visé juste) obéïssant aveuglement à sa nation et aux chefs d'état, quelques soient leurs décisions, sa reconnaissance pour sa planète d'adoption et son éducation passant avant toutes les erreurs et horreurs de l'espèce humaine... Si tout cela est un poil trop long et martelé, l'affrontement final est génial, tout comme l'apparition surprise d'Oliver, la mort d'Alfred et la disparition de Batman.
Une expérience dont on ne ressort pas indifférent, mais sincèrement, après avoir écrit un tel pamphlet, on prend un bol d'air frais et on passe à autre chose, plutôt que de ruminer et touiller la sauce encore et encore... Je ne lirai certainement pas la suite, je préfère la laisser à mon imagination.