Le Réactionnaire a écrit:Cependant, je trouve ça parfois risible quand on constate le déclin progressif de la qualité du doublage français, certes à considérer d'un certain point de vue. Pour ma part, je ne regarde quasiment plus aucun film sorti depuis une dizaine d'années en VF, à quelques exceptions près. Je trouve que le doublage s'est justement mécanisé, caricaturé lui-même avec toujours les mêmes intonations extrêmement superficielles : les bandes-annonces en sont le meilleur exemple. Si on ajoute à ça les mêmes voix qui reviennent à outrance et que l'on reconnaît à la seconde, pour qui a l'oreille un tant soit peu affûtée, alors le résultat a de quoi agacer. Les comédiens "chantent" beaucoup et cela manque d'âme, sans doute pour des raisons externes qui ne tiennent pas à leur volonté, mais tout de même. Je ne les entends jamais parler de ça. Ou bien je suis peut-être le seul à le remarquer.
Ils en parlent parfois en interview, surtout les plus anciens. "Avant" (on va dire jusqu'aux années 90), le doublage était méprisé, perçu comme ringard, de très grands comédiens qui oeuvraient en même temps au théâtre, à la TV, etc. s'y adonnaient, des gueules, des voix très marquées, tous ceux qui nous ont marqués dans ces décennies-là et qui ont donné envie à ceux qui ont suivi de faire ce métier. Mais de la même manière que le doublage était méprisé, il était fait de façon artisanale, parfois par-dessus la jambe, et avec des choses qui aujourd'hui, ne peuvent (malheureusement ou heureusement, selon les points de vue) plus exister : D'où les doublages les plus cultes mais aussi les plus fantaisistes, les Amicalement Vôtre, Starsky et Hutch, certains mangas...
Avec les années 2000, Internet, sont arrivés (je grossis, ils étaient là déjà avant, mais ils étaient moins casse-burnes) les superviseurs, les chaînes, qui se sont mis à tout chapeauter, à avoir le dernier mot sur les directeurs artistiques qui sont devenus de simples exécutants dans certains cas... J'ai vraiment pris conscience de ça quand j'ai pour la première fois entendu parler des "retakes" en assistant moi-même à des plateaux au début des années 2010 : Si un mot n'est pas validé, est censuré par la chaîne française, les américains, un superviseur, etc. dans la VF, le comédien doit venir refaire sa prise, changer sa blague, sa réplique, conformément aux sacro-saintes directives, toujours plus absurdes. Certains détracteurs des VF croient que la VF n'a pas compris une blague ou une référence alors qu'elle a été volontairement squeezée par des pontes pour des histoires de fric, de droits, de marques déposées, etc.
De la même façon, "l'on" (les décideurs) cherche des voix à l'inverse de ce qu'on a connu auparavant : Peu marquées, passe-partout, et aussi on adore les voix très graves à la Adrien Antoine et Jérémie Covillault... On entendra plus de Jean-Claude Michel, Raymond Loyer, Marc Cassot, Bernard Dhéran, Jean Piat et consorts, encore moins de Jacques Ciron ou de Guy Piérauld.
Et tout à l'avenant. Avant, c'était l'anarchie, ils étaient libres, dans la joie et la bonne humeur, ont pondu des chefs d'œuvre de VF, mais dénaturaient, quelque part, certains produits. Tout est devenu plus fliqué, plus lisse et uniforme, le seul avantage est qu'on est très souvent certains qu'il y a un scrupule de retrouver les mêmes voix pour des acteurs au fil des séries et des films, même pour des apparitions ou un rôle hyper secondaire. Mais ces mêmes décideurs qui ont l'oeil sur tout sont aussi capables de balayer d'un revers de main des gens qui n'ont plus rien à prouver (un exemple connu : les comédiens VF originaux de Star Wars remplacés sur les nouveaux films) ou de faire réenregistrer "Coca-Cola" en "boisson gazeuse" à 23h...