de Phébée » Jeu 02 Nov 2006, 16:18
A propos du mot "fay" : pour ce qui est de l'anglais je ne peux rien dire (mon dico n'accepte que l'entrée "fairy") mais en français le terme "fée" est polysémique et les idées d'espièglerie ou de méchanceté peuvent tout à fait lui être accolées (cf la fée Clochette!). Le mot vient de "fatum": destin, fatalité, prédiction, en latin; un rien inquiétant donc!
En fait dans les légendes arthuriennes (pour autant que je sache) il n'existe pas de sorcières mais seulement des fées (issues des croyances païennes). Leur rôle est généralement positif puisqu'elles aident les chevaliers dans leur quête ou en font leurs amants: ce sont alors de "bonnes" fées (Viviane, la Dame du Lac).
Mais des figures comme Morgane sont plus troubles. En effet, celle-ci s'oppose à l'ordre que la Table Ronde promeut, c'est à dire un ordre chrétien, pour préserver son propre monde. La fée est également inquiétante dans le sens où elle représente une érotique féminine forte, donc dérangeante au Moyen Age et même plus tard.
Les romans arthuriens parlent donc bien de la fée Morgane et non d'une sorcière (bien qu'elle en ait l'air dans certaines représentations). Le terme sorcière est à mon avis plus à mettre en rapport avec le diable (en tant que mère, épouse, ou fille) tandis que la fée est profondément païenne.
Les deux termes prennent leur sens moderne et distinctif dans les contes pour enfants où la fée aide le bien à triompher tandis que la sorcière fait le mal. Dans certaines versions de La Belle au bois dormant pourtant celle qui jette le sort mortel à la princesse est qualifiées de "méchante féé" et non de sorcière.
Pour finir (désolée d'avoir été ausssi longue) si le terme de "sorcière" est mal choisi en vf, le mot "enchanteresse" est sûrement la meilleure traduction. En effet, il contourne le problème sémantique du mot "fée" tout en gardant l'image d'une femme inquiétante capable, au moyen de différentes incantations, de contrôler les choses et les hommes.