Débarrassée de son background revendicatif des débuts, de son costume flashy et de ses super-pouvoirs, la Plastique du DCAU diffère de la version papier originelle en campant une espionne glamour façon méchante James Bond girl. Vu la nature de l'Unité Spéciale X, l'idée se révèle pertinente, comparée à l'apparence banalement et inutilement sexy du personnage des comics.
Le duo éphémère que Plastique forme avec son pendant masculin, Deadshot, brille par sa tension sexuelle croustillante. Lors d'un ping-pong de bons mots, les agaceries de la rousse incendiaire répondent à l'attitude ultra-confiante du playboy. Aussi, bien qu'il s'agisse d'ennemis de la Ligue, il en résulte chez le spectateur un sentiment de sympathie à leur égard. Effet d'autant plus voulu des scénaristes qu'il conditionne l'intensité de l'impact que doit produire le terrible sort réservé à Plastique.
Outre son attitude joueuse, l'autre moyen mis en œuvre pour créer de l'empathie se constate dans le rôle d'acteur le moins expérimenté de la criminelle. Ainsi, à partir de l'angle original que propose l'épisode Unité spéciale X, c'est-à-dire l'action vue à travers le regard des adversaires, Plastique sert de point d'ancrage identificatoire pour le téléspectateur. Jusqu'à son accident, qui rappelle très vite, telle une morale de conte, que sa vie aussi dangereuse que malhonnête, même si palpitante à première vue, conduit immanquablement au pire.
Au passage, Wizard, jeune délinquant de Batman : La Série animée, incarne à peu près le même type de personnage, mais version happy end, car remis dans le droit chemin assez tôt et comme il faut.
Plastique s'inscrit également dans la lignée propre au DCAU des personnages féminins au physique canon, et entourés, du moins par moments, d'une aura sexuelle. D'ailleurs, dans ce cadre, le cas de la plastiqueuse est emblématique de l'esprit mature dont fait preuve La Ligue des Justiciers. Car, métaphoriquement, la courte relation tissée entre Deadshot et Plastique renvoie à un parcours d'amants d'une nuit : d'abord la rencontre (dans le quartier général), suivie de l'arrivée à l'hôtel (la Tour de Guet), l'étape de l'ascenseur, les préliminaires (les préparatifs dans la salle du réacteur) puis l'acte amoureux (la course dans les escaliers). Et puisque la rousse exprime de l'excitation à l'idée d'exploser le réacteur, comment ne pas voir en sa réalisation la procuration d'un orgasme ? De même, le goût prononcé de la saboteuse pour le risque, ainsi que l'attrait du surnommé « Tueur » pour le meurtre trouvent leur point d'orgue lorsque le criminel sacrifie sa partenaire, sur l'autel du secret défense. La petite mort partagée s'accompagne alors des gémissements de Betty.
Évidemment, le fait que cette dernière finisse dans les bras de Captain Atom est un clin d'œil à l'ex-couple des comics. Par contre, cette scène tragique n'annonce pas forcément la mort prochaine de Plastique, mais les évènements futurs de la série ne suggéreront pas non plus de mèche éventée de sa part concernant l'Unité Spéciale X. Une des conjectures plausibles veut donc qu'elle se retrouve dans un état de coma.
Pour finir sur la dimension sensuelle du personnage, on peut remarquer que Plastique, en mode séduction, aime à prendre des poses provocantes, y compris aidée de sa souplesse, à l'image de Vixen. Et pour l'anecdote, le mot anglais « plastic » englobe toutes les acceptions des noms masculins et adjectif français « plastique » et « plastic », la matière explosive autant que la chirurgie plastique. Mais seuls les francophones ont la chance de pouvoir associer « la plastique » à « la silhouette de quelqu'un ».
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