de Arkaron » Jeu 04 Juin 2009, 20:59
Remontons le temps d'un mois pour voir ce que j'ai lu (entre achats inconsidérés et folie d'emprunts à la médiathèque).
A History of Violence, par John Wagner et Vince Locke
C'est assez bien, mais on a vraiment l'impression que l'histoire est précipitée: pas de présentation du cadre, des personnages ou de la situation. On voit plus de choses sur le passé du personnage principal, mais les interactions avec les autres protagonistes sont mille fois moins intéressantes que dans l'adaptation de Cronenberg, qui (en y repensant) a d'ailleurs réussi à transformer un polar sympatoche en véritable réflexion sur la violence, grâce à une réalisation parfaite. Bref, le film peut sans problème entrer dans la catégorie des adaptations supérieures au matériau originel, ce qui est quand même plutôt rare.
The Ultimates 2, par Mark Millar et Bryan Hitch
Ultra-jouissif, du très grand spectacle où ça cartonne sévère grâce à des planches absolument splendides de Hitch, et un scénario de haute tenue de Millar, qui a comblé mes attentes geekesques de A à Z. Ils sont allé trop loin dans la violence des héros, qui deviennent par là même des anti héros, mais ça me va très bien, ça entre dans le contexte des héros remis plus ou moins à leur place, et ils ne jouent de toutes façons pas avec mes préférés. Donc zéro fausse note, zéro problème, du très très grand divertissement. Les deux volumes des Ultimates sont devenus mes comics préférés dans la catégorie "(pas vraiment) super héros pur jus". Les auteurs ont placé la barre très haut, j'espère que le film des Vengeurs sera au moins du même niveau, même si ça va être difficile.
The Authority 1, 2 et 3, par Millar et Quietlty
Bien sympa. Pas transcendant, mais divertissant. Y a de bonnes idées.
Tales From the Crypt T1, par Jack Davis
Très mauvais. Même si j'aime bien le style graphique, le mec ne sait clairement pas faire d'la BD, il ne respecte même pas sa propre mise en scène! Et alors dans le genre "j'prends le lecteur pour un abruti de première qui ne sait pas lire des images", c'est le pompon. Le texte nous dit "Le beau-père d'Artie attrapa son fils par le col et le poussa dans la penderie", et le dessin nous montre exactement la même chose... vive la double narration inutile. En plus de ça, il en résulte des pages beaucoup trop chargées pour permettre une lecture fluide et agréable. Précisons enfin que tous les scénarios reposent sur la technique de l'arroseur arrosé, ça devient vite lourd. On oublie.
Criminal 1 : Coward, par Brubaker et Phillips
J'ai bien aimé. Scénario de bonne qualité et très bons dessins, ça rend bien l'ambiance escomptée.
Criminal 2 : Lawless, par Brubaker et Phillips
Bonne surprise. Le tome 1 en mieux.
Tue-moi à en crever, de David Lapham
Énorme.
Que dire d'autre? Scénario parfaitement jouissif, meilleur que pas mal de films, et dessin minutieusement travaillé, les jeux d'ombres sont incroyables. Moi qui suit un vieux fanboy difficile à sortir de la sphère "super héros", j'ai été totalement bluffé par cet ouvrage.
1602, par Gaiman et Kubert
Excellent. J'ai tout adoré, du scénario aux dessins en passant par les couleurs et l'agencement des cases. Pas poseur, pas moralisateur, un minimum intelligent, et très divertissant.
Planetary 1, par Ellis et Cassaday
Vraiment très bon. Les héros sont une équipe d'archéologues au service d'un mystérieux milliardaire. Leurs missions les emmènent tout autour du monde, et les histoires à première vue indépendantes sont en fait intelligemment liées. Les idées scénaristiques sont excellentes, et Ellis arrive à faire du neuf avec du vieux. Cependant, la préface, signée Alan Moore, est tellement élogieuse qu'elle élève Planetary au rang de chef d'œuvre transitif de l'an 2000. J'irais pas jusque là, mais c'est très plaisant.
Planetary 2, par Ellis et Cassaday
Bilan mitigé pour cette suite, qui s'inscrit parfaitement dans la continuité du premier tome. Les dessins sont toujours très bons, et le principe permet moult clins d'œil, actualisations, analyses assez pertinentes, mais je dirais que l'ensemble souffre d'un léger manque de rythme. J'ignore pourquoi Ellis a voulu renforcer le lien entre les histoires, mais outre le fait que les rebondissements n'ont rien d'étonnant, on s'en contrefiche pas mal. Ça reste à lire, mais le principe s'essouffle.
Planetary 3, par Ellis et Cassaday
Une très bonne surprise. Les scénarios redeviennent très intéressants et on a enfin l'impression d'avancer. Secrets, mystères du passé, organisations secrètes, multivers et références intelligentes, bref, tout ce qu'il faut pour faire un bon scénario. Et Cassaday assure la partie graphique comme un chef, du grand art.
The League of Extraordinary Gentlemen, Century : 1910, par Moore et O'Neill
Je dirais que c'est du niveau des deux premiers. Ce qui rend la chose indéniablement intéressante, ce sont toutes ces petites références littéraires que le lecteur peut s'amuser à chercher, mais en toute franchise, l'histoire casse pas trois pattes à un canard, c'est même décevant quand on voit ce que peut faire le bonhomme. En plus, c'est très court. O'Neill est fidèle à lui-même, r.a.s.
Ca aura au moins eu le mérite de me donner envie de relire les précédents, mais y a pas à dire, l'équipe perd de son charme sans ses membres d'origine. J'espère que la suite sera plus excitante.
Batman Absolution, par DeMatteis et Ashmore
Bof, bof, bof. Je n'aime pas du tout le style graphique. Trop statique, trop "peinture", je trouve que ça ne correspond pas à la bande dessinée. Le scénario est moyen aussi. Honnête sur le fond, mais quand même assez ennuyeux la plupart du temps. Il y a quelques bonnes choses, comme les représentations de Batman lors de certaines scènes clés, ou un ou deux dialogues inspirés. Mais bon, dans l'ensemble, on s'ennuie, et on en a un peu rien à s'couer en fait.
David Boring, par Daniel Clowes
Remarquable! Dans le registre des comics sur l'adolescence, je n'avais pas aimé Black Hole, mais David Boring, c'est quand même un sérieux niveau au dessus. Clowes explore son personnage de fond en comble avec une maîtrise parfaite de la narration. Les ellipses sont génialement pensées et le scénario est d'une densité assez impressionnante. Le héros se cherche, pense se trouver, mais réalise que ça n'était pas le cas, essaie d'être quelqu'un mais n'y arrive pas, avoue ses secrets, les accepte et joue avec pour avancer dans une spirale quasi-surnaturelle. Mais le talent de Clowes, c'est de rendre cet enchaînement d'évènements logiques, cohérents et légitimes. Il rythme aussi brillamment son récit intimiste par des degrés plus ou moins forts de thriller, et surprend toujours le lecteur avec de nouveaux éléments. En somme, une bien bonne analyse d'une période de la vie, et je doute que quiconque ne se trouve pas un petit point commun avec le narrateur. À lire.
30 Jours de Nuit, tome 1, par Niles et Templesmith
J'ai bien aimé. Le scénario est classique mais efficace, et les dessins sont tout à fait appropriés. C'est court, précis, amusant.
Transmetropolitan : le come-back du siècle, par Ellis et Robertson
Transmetropolitan. Rien qu'avec le nom, on est plongé dans l'ambiance de cet univers unique: un foutu chaos invivable et bruyant, dans lequel s'emmêlent les informations, les histoires et les personnages pour finalement donner naissance à une des œuvres les plus pertinentes de notre société. Le début est mémorable, avec un ermite grincheux que tout le monde a connu au moins une fois dans sa vie, qui parait franchement illuminé mais qui illustre en fait le rêve de certains: tout claquer, partir, et crier "JE VOUS EMM**DE TOUS!!!" Spider Jerusalem, c'est un peu le fantasme de l'enflure finie aux opinions tranchantes, dérangeantes et pourtant criantes de vérité incarné en un héros à la fois méprisable et attachant, avec une pure tête et surtout, surtout, des pures répliques de malades.
Ainsi, le narrateur exceptionnel et inoubliable est implanté dans un monde purement hallucinant. Ce bazar vomitif permet alors à Ellis de faire ressortir un nombre conséquent de thématiques importantes et superbement bien traitées, tantôt avec beaucoup d'humour et de cynisme, tantôt avec beaucoup d'émotions. D'autant que le monsieur imbrique des sous-intrigues qui développent les personnages et illustrent merveilleusement les propos traités. Bref, le scénario très très dense est accompagné d'un dessin chargé, mais dans le bon sens du terme. Les détails fourmillent sans pour autant rendre les planches immondes (qui a dit McFarlane?) et tout a son importance.
Une gigantesque claque dans ma tronche. Génialissime. Ça m'apprendra à acheter que des histoires de super héros.
"Quand on appelle Batman, c'est que Chuck Norris est occupé ailleurs!"