À l'instar de Sidney Debris, le Prince du Condiment est l'un des personnages — lié à un seul épisode — les plus hilarants de BTAS. Il représente, tant dans le look que le comportement, une savoureuse parodie des super-vilains des comics de l'Âge d'Argent (1956-1972), c'est-à-dire des ennemis loufoques, grandiloquents et bien souvent au thème ridicule. Il incarne aussi un brillant hommage aux méchants de Batman (la série live des années 60), qui cabotinaient au travers de grimaces et de répliques composées de jeux de mots. En outre, sa gestuelle aussi singulière que drôle alterne entre la flexion des membres, comme prêts à bondir ; et une posture ouverte, avec les membres complètement écartés, de façon à manifester sa prétendue majesté.
L'aspect comique du personnage réside aussi dans trois décalages. Le premier concerne son concept qui évoque la restauration rapide et contraste par conséquent avec le restaurant chic où il sévit. Ensuite, sa nature grotesque et colorée dénote une dichotomie avec celle sombre et sérieuse de Batman. Enfin, sa conviction d'être redoutable dissimule mal son manque de dangerosité.
Ce dernier point dévoile chez le Prince du Condiment un certain infantilisme, une donnée du personnage renforcée à la fois par ses pistolets en plastique rappelant des jouets, et à la fois par son costume composé d'éléments tellement mal assortis qu'il donne l'impression d'avoir été réalisé avec les moyens du bord. Le super-vilain témoigne en plus d'un tempérament capricieux. Du reste, tout dans l'attitude et le discours de Batman vis-à-vis du Prince du Condiment exprime l'idée qu'il ne fait pas partie de la "cour des grands".
Le spectateur néophyte de Crise de rire peut être d'autant plus amusé qu'il ne sait rien au départ sur Buddy Standler, puisque l'épisode commence par la scène du restaurant. Par ailleurs, l'intérêt de ce personnage se situe essentiellement dans cette scène car son apparition en tant que Buddy Standler se limite au flashback de l'émission de l'année précédente dans lequel il tient un rôle mineur qui ne permet pas de savoir grand-chose sur son caractère. En tout cas, juste après la fin de l'épisode, il doit vraisemblablement sortir de prison.
Toujours concernant Buddy Standler, il est fort possible que les scénaristes aient choisi son prénom en référence à Buddy Hackett, un acteur et humoriste américain ; et son nom au mot "stand-up", qui rappelle son activité professionnelle.
Côté look, il s'agit peut-être d'une coïncidence mais il est curieux de noter que de par son couvre-chef, ses lunettes noires, ses bombonnes dans le dos et ses pistolets, le Prince du Condiment ressemble globalement au lascar Heat Wave, un personnage des comics armé d'un pistolet lance-flamme. Rappelons au passage que chez DC, "lascar" est le nom donné aux ennemis hauts en couleur de Flash. Car, d'ailleurs, le logo du Prince du condiment, doté de deux éclairs rouge (ketchup) et jaune (moutarde), rappelle celui de Flash.
Question VO, étant donné qu'il s'appelle Condiment King, et vu le concept du personnage, il est probable que son nom s'inspire de la chaîne de fast-food Burger King. En parallèle, on peut se demander pourquoi les traducteurs français ont opté pour « Prince » au lieu de « Roi du Condiment ». Il s'agit sûrement d'une bourde ou d'une question de sonorité. Par contre, il est plus compréhensible qu'ils n'aient pas retranscrit les nombreuses répliques en allitérations formulées dans la VO.
L'originalité du personnage et son efficacité à activer les zygomatiques ont marqué suffisamment les scénaristes pour, comme indiqué plus haut, l'intégrer dans la continuité des comics DC. Plus récemment, il est aussi apparu, mais cette fois avec son allure de Batman TAS, dans le jeu Lego Batman 3: Beyond Gotham (image ci-contre) et dans Lego Batman, le film. De quoi flatter l'ego du Prince.
|
|