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Interview Stan Berkowitz (mars 2006)

De La Tour des Héros.

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Interviewé : Stan Berkowitz

Activités : Scénariste sur Superman TAS, The New Batman Adventures, Batman : La Relève

Sujets : Sa collaboration sur la série Batman : La Relève (La main passe, Stridor, Maxine Gibson…).

Interview originale : World's Finest, en mars 2006.


The World's Finest : Quelle a été votre première réaction lorsque vous avez appris que Kids WB! voulait une toute nouvelle série avec un Batman adolescent, et que Bruce Wayne allait devenir un vieux mentor?

Stan Berkowitz : Je suppose que ma toute première réaction a été la même que celle de tous les autres : j'ai douté. Pouvaient-ils vraiment reproduire le succès de la série Batman TAS, en repartant sur une toute autre base ? Mais après avoir vu les scénarios et dessins préliminaires que Bruce (Timm), Glenn (Murakami), Alan (Burnett) et Paul (Dini) avaient faits, j'ai senti que cette série avait le potentiel pour être ma préférée parmi toutes celles sur lesquelles j'avais travaillé chez Warner. Pour moi, le problème avec les comics originaux de Batman était que Bruce Wayne n'aurait jamais fait d'un enfant comme Dick Grayson un équipier de ses aventures costumées. Trop dangereux. Dick était là parce que les scénaristes des comics avaient besoin d'un jeune personnage pour que leurs jeunes lecteurs puissent s'y identifier. Ils avaient aussi besoin de quelqu'un à qui Batman pouvait expliquer les rebondissements. Batman/Sherlock Holmes avait besoin de son Docteur Watson, pour ainsi dire.

Mais avec Batman Beyond, les personnages ont vraiment besoin l'un de l'autre. Terry n'aurait pas pu être Batman sans Bruce, et il n'y aurait pas eu de nouveau Batman sans Terry. Et puis, ils ne s'aiment pas particulièrement. Bruce ne pensait pas que Terry soit assez malin pour faire l'affaire, et Terry pensait que Bruce était dépassé – un conflit générationnel assez classique, mais du point de vue des scénaristes, ça ajoutait du piment à leurs interactions.


WF : Contrairement à The New Batman Adventures et à Superman TAS, Batman Beyond était une création totalement originale. Était-ce une approche différente dans le sens où vous pouviez créer et développer un jargon et des personnages, plutôt que de vous baser sur des années d'histoire du comic ?
Stan Berkowitz : Ce fut incroyablement difficile, particulièrement si vous essayez d'éviter les trois principaux points de vue cliché sur le futur : idéaliste (The Jetsons – Ndt : une série animée des années 60 produite par Hanna-Barbera qui se déroule dans un futur utopique), totalitaire (Metropolis de Fritz Lang) ou post-apocalyptique (Mad Max). Pour moi, la technologie futuriste de Batman Beyond était pratiquement la même que la nôtre, mais améliorée. À part ça, les gens sont en fait identiques, peu importe l'année.


WF : En parlant de jargon, les fans de la série ont intégré quelques unes des expressions les plus utilisées (telles que "schway") dans leur vocabulaire. Ne vous êtes-vous jamais surpris à utiliser ces expressions, même aujourd'hui ?
Stan Berkowitz : En vérité ? Jamais. Même pas à l’époque.


WF : Concernant le processus de création de vilains, comment se sont combinées entre elles les dimensions artistique et scénaristique ?
Stan Berkowitz : La plupart des méchants, notamment Stridor et Inque, ont d'abord été dessinés, et les scénaristes étaient chargés d'en imaginer les origines. Avoir les dessins juste devant vous aide réellement au processus créatif.


WF : Vous avez écrit La main passe, qui introduit le Gang du Flush Royal. Ils sont apparus plus tard dans La Ligue des Justiciers, jouant même un rôle important dans l'épisode final de la saison 4 : Épilogue. Quelle impression cela fait de voir votre propre histoire développée à travers le DCAU ?
Stan Berkowitz : Ce n'était pas ma propre histoire. Le Royal Flush Gang a été introduit dans les comics bien avant que je ne commence à écrire, et la décision de continuer à les utiliser dans les différentes séries n'était pas la mienne. Donc je n'ai vraiment aucun sentiment paternel particulier envers eux.


WF : Comment avez-vous appréhendé la création des nouveaux vilains dans la série ? N'avez-vous jamais pensé que Robert Vance ou Megalo atteindraient le niveau des célèbres ennemis de Batman, ou les avez-vous créés pour des one-shots ?

Stan Berkowitz : Comme je l'ai mentionné plus tôt, la plupart des vilains parviennent dans les mains des scénaristes sous forme d'esquisses, et nous devons alors leur créer une histoire et des pouvoirs. À chaque fois qu'un nouveau personnage est créé, on espère qu'il ou elle apparaîtra dans plusieurs épisodes, mais tout dépend de la façon dont il est reçu dans son premier épisode. Avec Mégalo, il y avait de plus grandes chances qu'il reste un peu à cause de ses liens avec le passé de Terry.

L'âme perdue de Robert Vance n'était vraiment qu'un personnage secondaire dans une plus importante histoire qui posait la question de savoir si Terry pouvait vraiment être Batman, même s'il n’avait pas le puissant costume pour l'y aider.


WF : Pour avoir écrit toutes les apparitions de Stridor, c'était cool d'avoir créé un personnage que les fans considèrent comme l'un des méchants-clés de Batman Beyond ? Quelles idées sont à la base du personnage ?
Stan Berkowitz : Ce n'est pas cool, encore. Mais si jamais je suis à un festival de comics et que quelqu'un vient me voir et me dit : "Hey, tu as écrit le personnage de Stridor, je te paie un verre !" – alors ça sera cool.

Glenn (Murakami) a dessiné la première image de Stridor, Alan (Burnett) m'a dit que c'était un méchant en rapport avec les sons, et ma toute première pensée fut qu'à la fin du premier épisode, il aurait perdu l’ouïe. Sa réapparition dans Dialogue de sourds était marrante à cause de tous les double-sens qu'on devait faire dire aux acteurs.


WF : Quelle était votre opinion sur Max, l'amie de Terry qui apprend rapidement son identité secrète ? Avez-vous considéré comme un fardeau de l’introduire dans la plupart des épisodes, ou était-ce amusant que Terry ait quelqu'un avec qui parler de son secret ?

Stan Berkowitz : Aucun d'entre nous n'aimait l'idée d’introduire Max, mais la chaîne voulait un personnage auquel les filles pourraient s'identifier. Elle m'a toujours paru superflue - Terry pouvait parler avec Bruce de son histoire de double identité, et la série avait déjà un personnage pour attirer les jeunes en la personne du petit frère de Terry. Vous pouvez vous rendre compte de ce que je pense de Max dans la manière dont la traite Bruce dans Mais où est passé Terry ?.


WF : Quels épisodes préférez-vous ? A posteriori, y a-t-il des épisodes que vous n’aimez pas et pour lesquels vous pensez que vous auriez pu mieux faire ?
Stan Berkowitz : Je ne suis pas objectif à propos de mon propre travail ; j'ai tendance à voir les épisodes comme je les avais envisagés à l'origine, et pas de la façon dont ils sont finalement. C'est un peu comme un vieil homme qui regarde sa femme, elle aussi âgée, mais qui voit toujours la femme de 25 ans qu'il a épousée (ajoutez ici votre propre blague sur J. Howard Marshall et Anna Nicole Smith – Ndt : elle épousa ce milliardaire nonagénaire et mena une bataille juridique contre sa famille pour l'héritage).

De tous les scripts sur lesquels j'ai travaillé, mes préférés ont été Stridor et Dialogue de sourds à cause des expériences qu'on a fait sur les sons et sur les dialogues ; Mais où est passé Terry ? parce qu’il montre ce qu’un Bruce vieillard peut encore faire ; L'Avatar numérique parce que ça a aidé à montrer qui était Terry ; et Lune d'avril parce qu'à la minute où Alan (Burnett) a dit que ça pourrait être à propos d'un docteur qui créée des super-méchants, j'ai réalisé que j'avais une chance d'exorciser quelques uns de mes cauchemars des EC Comics (Ndt : éditeur américain spécialisé dans les thrillers, les histoires d’horreur, de guerre)... ou au moins de les transmettre à une nouvelle génération.

Rodéo aérien était un épisode pour lequel j'avais de grands espoirs, mais qui s'est avéré ne pas être aussi rapide, dans son animation, ou effrayant que je ne l'avais souhaité. Je ne sais toujours pas pourquoi, d'ailleurs.


WF : Y a-t-il eu des histoires que vous auriez voulu faire dans Batman Beyond mais que vous n'avez pas pu concrétiser ?
Stan Berkowitz : Comme des robots était conçu en réponse au massacre de Columbine (Ndt : Deux lycéens avaient tué plusieurs de leurs camarades avant de se suicider), et il s'est avéré être le seul script dont la chaîne n'a pas voulu. C'était à l'origine une histoire réaliste sur la prison, mais beaucoup des moments délicats ont été perdus quand on a fait les modifications que nous devions faire pour que la chaîne approuve l'épisode.


WF : La série revient sur quelques méchants de la belle époque de Bruce Wayne. Y a-t-il des méchants que vous auriez voulu faire revenir, et quels étaient vos plans pour eux ?
Stan Berkowitz : Seulement Killer Croc, et seulement parce que les reptiles ont une longue espérance de vie, ce qui fait que Killer Croc pourrait être encore actif dans 50 ans.


WF : Vous avez travaillé en tant que coordinateur des histoires sur les saisons 3 et 4 de La Ligue des Justiciers. Comment était-ce de revisiter Terry McGinnis après tant d'années ?
Stan Berkowitz : Je n'ai pas vraiment revisité Terry McGinnis. Mes collègues commençaient juste les premières discussions sur cet épisode quand je suis parti travailler avec mes amis en Europe.


WF : En voyant Épilogue, on passe de Batman Beyond à Batman TAS en abordant un peu tout le DCAU. Qu'avez-vous pensé de toutes les révélations faites dans Épilogue ?
Stan Berkowitz : Je bougeais tellement entre Los Angeles, Toronto et Londres, je n'ai jamais vu ce qu'il était advenu d'Épilogue. Peut-être un jour lors d'une rediffusion…

Références

Sources images et infos :