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Interview Stan Berkowitz (décembre 2005)

De La Tour des Héros.

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Interviewé : Stan Berkowitz

Activités : Scénariste sur Superman TAS, The New Batman Adventures, Batman : La Relève

Sujets : Sa collaboration sur la série Superman TAS (Le Prométhéon, Feu Monsieur Kent, Qu'est devenue Metropolis ?, Les Nouveaux venus), TNBA (Jamais peur) et La Ligue des Justiciers (Un monde meilleur).

Interview originale : World's Finest, en décembre 2005.


The World's Finest : Qu'est-ce qui vous a amené à travailler sur la série Superman TAS ?

Stan Berkowitz : Je travaillais sur la série Spider-Man en 1995, et John Semper m'a dit qu’il avait lu dans le journal que Superman allait être adapté par la Warner. Puisque Spider-Man était sur le déclin à ce moment-là, il a suggéré que je les appelle. Assez bizarrement, mon docteur, qui a toujours été intéressé par le métier, m'a donné le même conseil. Donc comment ne pouvais-je pas le faire ? J'ai dit à mon agent d'appeler Alan (Burnett), et Alan était apparemment impressionné que j'aie travaillé sur la série live Superboy, donc il m'a très vite fait travailler sur le script de Metallo. La plupart des histoires sur la façon dont les gens trouvent un boulot sont bien plus compliquées que celle-là n'a été.


WF : Qu'est-ce qui était censé se passer, à l'origine, à la fin de l'épisode Le Prométhéon ?
Stan Berkowitz : À l'origine, la fin devait voir des extraterrestres tourner autour de la créature dans l'espace. Et bien sûr, ils n'auraient rien pu faire après avoir réveillé la bête. On peut alors supposer que tout recommence encore et encore. Cette fin était dans le storyboard d'origine, mais l'épisode aurait tout simplement été trop long. Cette scène a alors été coupée.


WF : La série Superman TAS connaît un bon nombre de guest stars de l'univers DC. Y a-t-il des personnages que vous auriez voulu mettre en équipe avec Superman mais qui ne l'ont pas été ?
Stan Berkowitz : J'aime bien le Spectre, mais les droits étaient alors aux mains de quelqu'un d'autre.


WF : Qu'espériez-vous accomplir en faisant faire équipe Batman et Superman ? Et à ce propos, quelle était votre première expérience de scénariste sur le Chevalier Noir ?

Stan Berkowitz : Le point de vue sombre de Batman contrebalance bien la vision trop rose de Superman, donc la combinaison peut amener à quelques échanges philosophiques intéressants. Ma première expérience de scénariste sur Batman était l'histoire dans laquelle on trouve une façon d'éliminer les peurs classiques des gens (Ndt : Jamais peur). C'était un changement sympa d'écrire pour un personnage qui était humain, et ainsi plus vulnérable que le super-humain Superman. Plus simple à scénariser, aussi.


WF : Vous aviez auparavant écrit pour la série live Superboy. Avez-vous trouvé les changements pour Superman TAS difficiles après avoir écrit pour une version plus jeune pendant si longtemps ?
Stan Berkowitz : À l'époque de Superboy, nous essayions de voir notre héros comme déjà adulte. Ça a aidé que l’acteur qui le jouait, Gerard Christopher, soit déjà adulte (bien que d’apparence assez jeune) quand il a signé pour le rôle. Et même alors, Superboy était un peu moins sûr de lui-même et un peu moins dominant que le héros plus vieux, plus expérimenté de la série animée. Donc j'ai dû prendre en compte ces différences subtiles, ce qui n'a pas été bien difficile.


WF : Feu Monsieur Kent est l'un des épisodes les plus appréciés de Superman TAS. Qu'est-ce qui vous a inspiré cette histoire ?
Stan Berkowitz : Paul Levitz de DC a invité les scénaristes à déjeuner et a parlé des différents genres d'histoires de Superman qui avaient bien marché dans les comics. Il a mentionné qu'un genre d’histoire qu’ils aimaient bien étaient celles dans lesquelles un problème qu'a Clark affecte Superman. Donc, je me suis demandé plus tard, quel plus gros problème pouvait avoir Superman que d'être "tué" ?
Quelques détails sur cet épisode : l'homme qui est témoin de la mort de Clark s'avère avoir une mauvaise vue, mais dans le projet d’origine, j'avais pris en compte que c'était un vieil homme, vivant seul au milieu de nulle part et se baladant à trois heures du matin. Pourquoi ? Il attendait que les fées arrivent, comme il croyait qu'elles le faisaient toutes les nuits. Ouais, le vieux gars était fou, pas myope, et Clark le découvre à la toute fin, à son grand soulagement. Mais je suppose qu'Alan ne voulait pas qu’on croit que Clark exploitait d'une quelconque façon quelqu'un avec une maladie mentale. Donc j'ai suggéré la nouvelle fin, qui semblait convenir à tout le monde.


WF : L'épisode Qu'est devenue Metropolis ? a été la première histoire d'univers alternatif dans le DCAU actuel. Comment est venue l'idée ?

Stan Berkowitz : Alan voulait faire une romance dans un monde alternatif, et je me suis immédiatement proposé. J'adore les histoires d'univers alternatifs depuis La Vie est Belle (Ndt : film de Frank Capra – 1946). Par ailleurs, j'avais lu un article dans Spy Magazine à la fin des années 80 qui considérait la possibilité scientifique de mondes alternatifs. J'avais donc décidé d’en faire un pour la série live Superboy. Dans cet épisode en deux parties, Superboy va, non pas dans un, mais dans deux mondes alternatifs, et dans l'un, il voit ce que le monde pourrait être s'il ne s’interdisait pas de tuer des gens, alors que dans l'autre, il voit un monde dans lequel un Superboy égoïste est devenu un dictateur. Ce n’est pas un joli tableau. Plus tard, nous en avons fait deux autres, un qui introduisait un très jeune Superboy, et l'autre un Superman plus vieux, retraité. De longues années après, nous en sommes arrivés aux Seigneurs de Justice. Je pense que les gens aiment ces histoires parce qu'ils se demandent toujours comment leur vie aurait été s'ils avaient fait des choix différents. C’est soit ça, soit ils aiment voir leurs héros dans de nouveaux costumes cool.


WF : Dans la série La Ligue des Justiciers, Superman combat Doomsday, l'un de ses plus célèbres adversaires. Y a-t-il jamais eu un projet d’introduire Doomsday dans la propre série Superman TAS ? De plus, qu'est-ce qui vous a amené à l’utiliser dans La Ligue des Justiciers ?
Stan Berkowitz : Autant que je sache, il n'était pas prévu d'utiliser Doomsday dans Superman TAS ; après tout, il n'était pas un méchant très intéressant, n'est-ce pas ? Alors que l'utiliser dans Un monde meilleur, c'était un bon moyen de montrer à quel point le Superman Seigneur de Justice était un dur à cuire. Les fans savaient que dans les comics, Doomsday était si fort qu'il tuait le vrai Superman ; mais ce nouveau Superman est tellement plus fort, qu'il se débarrasse du monstre sans rien d’autre qu'une rafale de sa vision thermique.


WF : Y a-t-il eu des contraintes pour écrire l'épisode sur la Légion des Super Héros ? Et qu'est-ce qui a amené l'idée que l'histoire se passe avant que Clark ne devienne Superman ?
Stan Berkowitz : Je ne connais pas la réponse à cette question parce que je n'y ai pas participé avant l'étape de ré-écriture. Mais en général, c'était dur d'avoir des guest-stars d'autres comics parce que les droits pour les films et la télévision ont souvent été vendus à d'autres compagnies.


WF : Quel est votre avis sur la puissance que devrait avoir Superman ? Pensez-vous que la série l'a rendu trop faible, trop fort, ou juste comme il faut ?
Stan Berkowitz : Si vous regardez tous les épisodes, vous verrez que le niveau de sa force et son invulnérabilité varient considérablement d'un épisode à l'autre, d'un scénariste à l'autre, et d'un réalisateur à l'autre. C’est parce que quand vous devez faire avec un monde de méta-humains, il n'y a pas de références dans le monde réel auxquelles se rattacher. Peut-il soulever une voiture sans souci ? Un immeuble ? Une planète ? On ne s'est jamais assis pour faire une liste, parce que nous y aurions été trop confinés. En tant que scénariste, je préfère traiter des personnages qui ne sont pas forts au point de pouvoir résoudre tous leurs problèmes rien qu'avec leurs seuls muscles, ou tellement invincibles que rien ne peut les blesser.


WF : Lequel, parmi les nombreux méchants de Superman TAS, est votre préféré, à écrire et regarder ?
Stan Berkowitz : Luthor et Luthor. J'adore entendre l'interprétation de Clancy Brown dans ses répliques, mais je dois admettre que ce n’est pas facile d'écrire pour un personnage qui est toujours plus futé. Quand ça marche, cependant, c’est gratifiant.


WF : Y a-t-il eu des histoires que vous auriez voulu faire mais que vous n'avez pas pu concrétiser ?
Stan Berkowitz : Seulement une, une histoire anti-guerre. Clark est envoyé pour couvrir un conflit entre deux petits pays pour du pétrole, et, quand il voit le carnage, il décide d'intervenir. Évidemment, nous ne pouvions pas montrer des gens mourir, donc je voulais y substituer un musée et tous ses trésors partis en fumée. C’est ce qui aurait décidé Clark à utiliser ses extraordinaires pouvoirs pour stopper la guerre. Une fois que Superman s'en va, bien sûr, les deux camps recommencent immédiatement à se tuer.
La seule autre chose que je voulais faire était de produire une série de Elseworlds (Ndt : collection DC hors continuité, tels que Red Son, Kingdom Come…) directement en DVD ; ils se seraient concentrés sur différents personnages et différentes époques. Il y aurait eu de longues histories et d’autres très courtes, écrites par différentes personnes et animées par différents artistes. Chaque segment aurait donc eu un style unique. La Warner n'était cependant pas intéressée.


WF : Quelle était votre opinion d'ensemble sur la série ?
Stan Berkowitz : Du bon boulot. Je suppose qu'on aurait pu mieux faire. J'avais le sentiment qu'on s’échauffait juste quand on est tous passés à The New Batman Adventures.


WF : Sur quels projets travaillez-vous actuellement ? Quand pouvons-nous espérer les voir ?
Stan Berkowitz : J'ai quitté la Warner à l'été 2004 quand une compagnie en Angleterre m'a offert un poste qui était un peu meilleur que celui que j'avais. Les deux éléments-clés pour moi sont que j'ai pu visiter l'Angleterre et le Canada, et que mon travail était couvert par un contrat du Syndicat des scénaristes américains, qui donne lieu à une meilleure retraite et à de meilleurs taux de crédits que le contrat sous lequel je travaillais. Je m'inquiétais de quitter tous mes amis, mais il s'est avéré que je pouvais engager la plupart d'entre eux pour écrire les scripts du nouveau projet : Alan Burnett, Dwayne McDuffie, Robert Goodman, Len Uhley (Static Choc), Paul Diamond (Le Projet Zeta) et Joelle Sellner (Teen Titans). Le nom de la série est Friends and Heroes (Amis et Héros), il n'y a pas encore de date de diffusion, et c'est prévu pour des téléspectateurs bien plus jeunes que ceux qui liront ça. Pas de super-héros, non plus.

Une fois que les scripts pour Friends and Heroes seront finis, ce qui devrait être pour bientôt, je n'ai pas de projets, si ce n'est me détendre, rattraper du sommeil et regarder la télé.

Références

Sources images et infos :