Aresia, patronymiquement pendant féminin du dieu grec de la guerre Arès, est une des ennemies les plus redoutables, mais aussi les plus pathétiques de la Ligue des Justiciers. De l'aveu de Rich Fogel, elle fait partie des méchants les plus intéressants parmi les trouvailles des scénaristes, portant le double épisode sur ses épaules. Victime terrible de la cruauté sans limite des hommes, son combat féministe, le même que celui des Amazones mais poussé jusqu'à l'extrémisme terroriste, trouve une justification dans l'horreur de son vécu. Adversaire incroyablement dangereuse pour les héros et les humains, quels que soient les dégâts qu'elle sème autour d'elle, Aresia résonne immanquablement dans l'esprit du spectateur par l'ampleur de sa tragédie. L'épisode évite ainsi de tomber dans les écueils d'un féminisme creux et ridicule, grâce à un drame suffisamment fort, et, comme souvent dans le DCAU, n'est en aucun cas manichéen.
Outre le traumatisme de son enfance, l'éducation qu'elle a reçu des Amazones, faite d'une idéologie misandre martelée, et le mensonge par omission d'Hippolyta, s'ajoutent à ses circonstances atténuantes, l'ensemble ayant créé un cocktail explosif. L'absence notable de son père durant le flashback, sûrement tué, est le dernier ingrédient. Ne se souvenant ni du capitaine, ni de son géniteur, Aresia n'a pas eu la chance de connaître de figure mâle tendre qui aurait pu atténuer la radicalité et la généralité de son gynocentrisme. C'est par conséquent un personnage riche, à la construction nuancée, qui est offert par l'équipe de Bruce Timm, fruit du destin et d'erreurs collectives, dont la vie aurait pu être tout autre. Aresia sert aussi à pointer du doigt les ravages du matraquage d'un système de pensée unique, ici les dérives que peut entraîner le discours des Amazones. Son nom, clairement héllénistique, lui a certainement été donné par Hippolyta, ce qui aggrave encore les choses. Individu à l'identité substituée, Aresia a été totalement sculptée par les Amazones, qui, sans le savoir, ont façonné leur propre caricature, où était déversée toute leur aigreur. Elle peut être également perçue comme la véritable nemesis, double maléfique, de Wonder Woman.
Leader bien plus compétente et efficace de la Ligue de l'injustice qu'un Luthor, elle ne se laisse guère distraire par les différentes personnalités de son équipe et sait comment les maintenir sous sa coupe tant qu'elle a besoin d'eux, faisant usage de son charisme et remplissant leurs poches. De par son mépris pour les hommes, Aresia se prête également à la séduction afin de s'assurer les faveurs de Copperhead ou Grundy. Criminelle de sang froid, sans aucune pitié, se débarrassant après coup de ses partenaires masculins au moyen de l'allergène, elle ne perd jamais son objectif de vue, et semble de ce fait inarrêtable, galvanisée par sa croisade folle.
La philosophie et la colère d'Aresia ont beau être bâties sur des souvenirs incomplets, dépourvus d'un chapitre crucial, son fanatisme est bien trop définitivement ancré pour la faire reculer, et la pousse à la mort, châtiment rare, réservé aux êtres les plus vils ou désespérés du DCAU. On ne comptera pas vraiment son retour au sein des bandes dessinées non-canon de la série. Le titre original du double-épisode confirme le clin d'œil à Fury, alliée de Wonder Woman, dans son design comme dans sa personnalité.
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