Pin-up à la Bruce Timm par excellence, telles Poison Ivy ou Harley Quinn, Volcana n'a de cesse d'user de ses charmes dès que l'occasion se présente, pour appâter ses adversaires, arriver à ses fins, mais surtout par réel et ostensible appétit sexuel, son créateur s'amusant à flirter avec les limites de la censure et de l'implicite dans une série animée a priori destinée aux enfants. Ce jeu atteindra son apogée dans l'épisode Cauchemar grâce à son duo avec un Firefly pour le moins allumé par la demoiselle. Personnage très puissant, dont le feu terrasse à chaque fois l'Homme d'Acier, elle demande à l'équipe de rivaliser d'ingéniosité pour la mettre hors d'état de nuire, comme avec la mousse à incendie ou l'enfermement dans le halo de John Stewart pour brûler son oxygène. Dans la lignée d'Harley ou de Mercy Graves, Volcana semble être une invention chère à Bruce Timm qui la laisse en vie et la réutilise à foison jusqu'à la fin de la série.
Vraisemblablement inspirée de Jessica Rabbit, de Fire lorsqu'elle s'enflamme entièrement, rendant hommage à Firestorm puisque dissimulée sous son nom par le gouvernement en VO, Volcana est ainsi une femme de feu, physiquement et métaphoriquement. Sa séduction permanente, que ce soit avec Jimmy Olsen, Superman, ou Firefly, sa décomplexion générale et sa désinvolture, peuvent servir d'écran de fumée pour cacher son mal-être, explicité dans Pas de fumée sans feu qui révèle son passé affreux de rat de laboratoire. Volcana, comme Metallo ou le Parasite, est, de par sa condition, un monstre de foire, qui ne peut s'intégrer à la société. Son vécu créant un trauma, elle ne trouve refuge qu'aux côtés de ses semblables difformes, et malgré les efforts de Superman pour lui offrir une autre vie, le passé, fait de violence, reste le plus fort.
Cependant, son background et ses blessures sont vite oubliés, prenant moins de place qu'à l'accoutumée, et l'équipe s'étend moins sur le pathos qui en découle, pour faire rapidement place à un vilain somme toute plus classique, effet récurrent de la série sur le long terme, qui avait fini par abandonner les tourments de John Corben au bout de quelques apparitions. L'équipe veut surtout s'amuser avec le personnage, comme elle l'a fait avec nombre de ses vilains et héros secondaires principalement dans la cinquième saison de La Ligue des Justiciers. Paradoxalement, Volcana semble à la fois affranchie et pour toujours prisonnière de ses chaînes psychologiques, même si la fin du DCAU où héros et criminels combattent ensemble un mal commun laisse place à l'espoir, ou du moins à des joutes plus fraternelles, dans la compréhension mutuelle.
Le revers de la médaille réside dans la réaction intriguée du spectateur, et sa frustration face à une potentielle incohérence. La fin de Pas de fumée sans feu installait Volcana et Superman en termes amicaux et courtois. Il aurait fallu un autre épisode ou de plus amples scènes pour expliquer son soudain forfait dans Unité, puis sa présence dans Deuil célébrant la mort du héros, qui paraissent des plus incongrus. Un évènement ellipsé, et le désespoir de Volcana face à son manque d'intégration dans le paysage uniforme, ont pu causer quelques frictions entre eux, la rousse perdant la foi envers l'Homme d'Acier, la promesse rayonnante d'avenir et de lendemains qui chantent qu'il peut incarner. De façon plus terre-à-terre et probable, les artistes, dans le cas de Deuil, se sont sans doute laissé emporter par le désir de réunir le plus de vilains possible déjà apparus dans Superman TAS, omettant alors quelques-unes de leurs propres subtilités. Son tempérament volcanique et son aptitude à se fier instable a pu également extraire Volcana de son exil, certainement trop paisible à son goût. En tout cas, cette instabilité chronique correspond à la maigre foi qu'elle a pu développer à travers ses relations chaotiques.
|







|